Saint Michel, gardien de l'Evangile

Publié le par Clément LECUYER

Extrait de "L'Ange Gardien", juillet 1896 :
 
 Dieu qui confia à saint Michel d'après les docteurs, la promulgation de sa loi, sur le mont Sinaï, aux enfants d'Israël, a aussi donné à ce puissant Archange la garde des saintes Écritures et surtout de l'Évangile, code divin du chrétien, nouvelle loi de grâce, d'amour, de miséricorde, que le Sauveur est venu sur la terre apporter aux hommes.
 Le nom Evangile est, par une frappante coïncidence, emprunté dans la langue grecque au nom même des Anges ; il signifie, en effet, bonne nouvelle, heureux message. L'Évangile est, par excellence, le livre des révélations divines, livre sacré qui doit durer plus que le ciel et la terre, et dont pas un iota ne saurait être, dit saint Paul, changé ou ôté, même par un Ange descendu du ciel.
 "L'Évangile qui nous a été donné, ajoute saint Jean Chrysostome, c'est l'annonce de la guérison du genre humain arraché à ses maladies par la seule bonté du Médecin spirituel ; c'est la prédiction d'une voie nouvelle ouverte à des hommes égarés, à des aveugles dans les ténèbres, à des condamnés sans espérance. Les instructions de la loi ancienne et les oracles des prophètes n'ayant pas suffi pour nous ramener à la connaissance de la vérité, et le genre humain courant à sa perte, la miséricorde divine, l'amour de Jésus-Christ pour les hommes l'ont emporté sur leur iniquité et leur ingratitude. L'Évangile du royaume des cieux a été proclamé par tout l'univers comme étant le manifeste du monarque universel, pour ceux-là même qui n'en profiteraient pas. Avec lui a été proclamée la grâce, qui dispense tant d'autres bienfaits, affranchit de la captivité, enrichit l'indigence, met un terme à l'exil, et se fait tout à tous."
 Saint Michel, que les Pères de l'Église appellent parfois l'Ange de la loi divine, le Secrétaire de la Divinité, a certainement reçu de Dieu la sublime mission d'inspirer les quatre évangélistes : saint Mathieu, saint Marc, saint Luc, saint Jean, et de propager la parole divine parmi les nations confiées à sa garde, à sa puissante protection contre Satan et ses légions infernales. Oui, gardien de la croix de Jésus-Christ, saint Michel est bien plus encore gardien de sa parole, puisque la croix, instrument passif de la foi, doit le céder à l'Évangile, qui en est la sève et la vie.
 La croyance à l'intervention des Anges, comme inspirateurs et propagateurs de l'Écriture sainte, a été si universelle, que même les législateurs païens - sans parler des prétendues pythonisses et visionnaires de tous les temps - n'ont donné de poids à leurs écrits, qu'en les disant inspirés par quelque esprit céleste. De plus, certains auteurs ont cru voir saint Michel dans cet Ange géant de l'Apocalypse qui, portant un livre et tenant un pied sur la mer et l'autre sur la terre, s'écrie d'une voix formidable : "Malheur à qui touchera à ce livre, qui en retranchera une syllabe, car il sera lui-même retranché du Livre de vie".
 Au rapport d'autres commentateurs, c'est saint Michel qui, au jour de la Pentecôte, après avoir signalé par le souffle impétueux du Cénacle la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, fit entendre leur parole, à Jérusalem même, dans toutes les langues connues, et de là en porta les accents jusqu'aux extrémités de la terre.
 Depuis, par la voix infaillible de l'Eglise, il n'a pas cessé de faire retentir, de défendre et de graver dans les âmes, cette divine parole que rien ne peut enchaîner. Heureux qui écoute et met en pratique cette divine parole qui a les promesses de la vie éternelle !
 Pour mieux rendre notre cœur docile aux enseignements de l'Evangile, saluons avec un profond respect et une sincère reconnaissance saint Michel, le promulgateur et le propagateur des préceptes divins ; rendons-lui hommage pour cette charge de confiance, et demandons-lui les secours qu'il donne à ses privilégiés pour les soutenir dans l'accomplissement ponctuel des commandements de Dieu.
 O glorieux Archange, faites-nous comprendre combien le joug du Seigneur est doux et son fardeau léger ; inspirez-nous une vive douleur de nos fautes, implorez pour nous la miséricorde de Dieu, afin qu'à l'heure de notre mort, nous puissions recevoir la récompense promise aux fidèles observateurs de la loi divine !
 
> Extrait de "L'Ange Gardien" n° 3, Juillet 1896, pp.75-78.