Sainte Philomène mise au ban de l'Église moderniste sous Jean XXIII
Le 14 février 1961, par la lamentable instruction Ad rubricarum Codicem de la Sacrée Congrégation des Rites, signée par le cardinal Cicognani, avec l'approbation et confirmation de Jean XXIII, la fête de sainte Philomène a été supprimée pour l'Église entière.
D'ailleurs, presque toutes les autres fêtes supprimées en même temps suite au mouvement de scepticisme historique (fêtes de la couronne d'épines, du saint suaire, de la translation de la sainte maison de Lorette, l'Invention de la Sainte Croix, l'apparition de S. Michel archange, l'invention de saint Étienne, saint Jean devant la Porte Latine, etc) bénéficièrent d'une modeste tolérance en certains rares cas "si rationes omnino singulares id suadeant" [...] mais il fut souligné que sainte Philomène n'avait droit à aucune tolérance de cette sorte. La douce et bien-aimée vierge et martyr, thaumaturge de nos temps, fut condamnée, par une stipulation unique dans sa sévérité à disparaître entièrement : "Festum autem S. Philumenæ V. et M. (11 augusti) e quolibet calendario expugnatur."
Le porte-parole du Vatican expliquait aux journalistes que le motif de cette décision fut le constat qu'aucune sainte de ce nom n'avait jamais existé. Des églises dédicacées à sainte Philomène changèrent de dédicace. À Ars (deuxième sanctuaire de la sainte au monde) les importantes reliques de la collaboratrice du saint curé furent enlevées et sont toujours absentes. Le porte-parole reconnut - cela donne envie de rire - que les femmes ainsi baptisées pouvaient continuer de porter leur prénom !
Aucune réconciliation ne fut donnée de cette mesure draconienne avec la canonisation particulière de cette sainte par un procès où (uniquement, il me semble) le pape Grégoire XVI a lui-même témoigné du miracle de première classe de la guérison de Pauline Jaricot. Aucun effort ne fut fait pour réconcilier cette suppression avec l'inerrance dont jouit l'Église dans la canonisation. Aucune réponse ne fut faite aux innombrables miracles par lesquels la sainte témoignait de son existence, de sa bienfaisance, de son pouvoir auprès de Dieu, de sa joie d'être invoquée sous le nom que portait son sarcophage. Le témoignage du saint curé d'Ars ne fut pas reçu.
À Rome s'installait déjà le règne du naturalisme et le triomphe du "progrès" sur la tradition, le mépris du passé, le mépris de la dévotion des fidèles, voire le dédain du devoir de l'orthodoxie. Vatican II et sa révolution n'étaient pas loin. On peut dire que sainte Philomène en fut en quelque sorte la première victime.
Il est rassurant de voir qu'en dépit de ce décret les divers mouvements de fidélité aux traditions de l'Église essaient de faire amende honorable à la thaumaturge de Mugnano. Des chapelles, des écoles, des revues, des religieuses portent son nom (à Trévoux, par exemple, sœur Marie-Philomène de la Sainte-Trinité doit faire sa profession le 8 septembre).
Puisse sainte Philomène, par sa très puissante intercession, délivrer de leurs ténèbres ceux qui osent récuser les preuves toutes surnaturelles et invincibles de son existence, de sa sainteté et de son pouvoir. Et comme jadis les flèches que tiraient contre elle ses bourreaux furent renvoyées contre eux, la laissant intacte, puissent les attaques contemporaines contre elle approcher la chute des forces hostiles à son culte, ajoutant une nouvelle gloire à celle dont elle brille déjà : celle d'avoir obtenu la défaite des ennemis de la tradition, de la foi, du surnaturel et de l'humble dévotion des fidèles.
Source : John DALY
Source : John DALY