Réflexions de Carême

Publié le par Clément LECUYER

  "Si nous comparons notre époque avec les temps anciens, la différence n'est point à notre avantage. Rome Païenne des premiers siècles de l'Eglise, Antioche toute partagée encore d'infidèles et de Juifs, subissaient, par la venue du carême, un changement plus sensible que celui qui se manifeste aujourd'hui au sein des sociétés chrétiennes. Le carême, parmi nousn a perdu son caractère public ; il n'est plus un évènement pour les masses, les habitudes et les moeurs en tiennent à peine compte ; le retour de cette époque sainte échapperait à l'attention du plus grand nombre, le nom même en serait ignoré, si les enfants du siècle, dont le ventre est l'idole, n'avaient fidèlement gardé dans leur calendrier l'indication de ces jours à demi-païens, durant lesquels, par un surcroît d'amusement et de sensualité, ils feignent de se dédommager de privations et d'abstinences que subissaient leurs pères et auxquelles ils ne participent plus. C'est ainsi que le souvenir du jeûne subsiste, protégé par les préludes de l'intempérance, et que les saturnales de la rue sauvent de l'oubli une institution dont l'origine remonte à Jésus-Christ et à ses apôtres.

 Laissons le grand nombre suivre la voie large de la perdition ; laissons-les se faire une religion de sensualisme et de volupté, garder les fêtes et mépriser les jeûnes, se ruer dans l'iniquité et rire de la pénitence, faire de la vie entière une grande partie de plaisir, et, pardonnez ce mot, un long carnaval  qui ne cède jamais la place au carême. Pour nous, soyons dociles à la voix de l'Eglise ; préoccupés de la grande affaire de notre Salut..."

Cardinal PIE