La question du Pape : “Juste une opinion” ?
Nous publions la récente traduction d'un article de Mgr Sanborn très éclairant sur le relativisme de certains prêtres et laïcs sur la question du Pape. Ce document de l'évêque américain permet d'appuyer et compléter ce que nous avons voulu souligner lors de notre dernier article Réponse à l'abbé Rioult concernant certains points essentiels
LA VACANCE du Siège Apostolique, la non-papauté de François I ainsi que de Benoît XVI, Jean Paul II, Jean Paul I, Paul VI et même Jean XXIII est un problème qui a, plus que tout autre, divisé les traditionnalistes ces cinquante dernières années.
Parmi ceux qui ont choisi la voie de la résistance aux réformes de Vatican II, la majorité professe être sédépleiniste, c’est-à-dire qu’ils tiennent que François I est véritablement le Pontife Romain. Ils suivent ainsi la direction de la Fraternité Saint Pie X. D’autres, une minorité, mais non insignifiante, sont sédévacantistes, c’est-à-dire qu’ils disent que François I n’est pas véritablement Pontife Romain, pas plus que ses prédécesseurs de Vatican II.
Cette différence de position théologique est cause d’une angoisse universelle chez ceux qui résistent à Vatican II. Chaque côté proclame que c’est son point de vue qui est le bon, et qu’il est véritablement nécessaire pour rester catholique. Chaque côté accuse l’autre d’être schismatique.
A l’automne 1979, Mgr Lefebvre publia un communiqué dans lequel il déclarait qu’il ne tolèrerait pas dans la Fraternité Saint Pie X ceux qui refuseraient de nommer Jean Paul II au canon de la Messe. En Europe, il renvoya un certain nombre de prêtres qui refusaient d’observer la règle. Au printemps 1980, il vint en Amérique avec le même programme : renvoyer ceux qui ne nommaient pas Jean Paul II au canon.
Cependant, au cours des négociations avec les prêtres étatsuniens, Mgr Lefebvre parvint à un compromis particulier. Il ne renverrait pas les prêtres de la Fraternité Saint Pie X, si ceux-ci étaient d’accord pour garder secret leur sédévacantisme. Ils pourraient ne pas nommer Jean Paul II au canon aussi longtemps qu’ils ne rendraient pas cela public. L’Opinionisme était né. L’archevêque lui-même formulerait le principe fondamental de l’opinionisme : « Je ne dis pas que le pape n’est pas pape, mais je ne dis pas qu’on ne peut pas dire que le pape n’est pas le pape ».
Le but de cet article est d’examiner l’opinionisme, et de juger s’il est légitime de le professer. L’identité du Pontife Romain peut-elle être matière à opinion ?
Sommaire :
I. Qu’est-ce qu’une opinion ?
II. Qu’est-ce qu’une opinion théologique ?
III. Cinq erreurs de l’opinionisme
- ERREUR 1 : L’opinionisme met l’identité du Pontife Romain, c’est-à-dire, Bergoglio est le Vicaire du Christ ou non, dans le domaine de l’“opinion théologique”.
- ERREUR 2 : L’opinionisme ramène la question de l’identité du Pontife Romain à une simple opinion théologique, comme s’il s’agissait d’une discussion entre théologiens à propos du sexe des anges. C’est comme si la question de l’identité du Pontife Romain n’avait d’effets ni dogmatiques ni moraux.
- ERREUR 3 : L’opinionisme confond conclusion théologique et opinion théologique.
- ERREUR 4 : Quelqu’un peut être libre de tenir que Bergoglio est ou n’est pas pape pour la seule raison que l’Eglise n’a rien dit à ce propos.
- ERREUR 5 : Aucune position n’est contre la Foi.
IV. Une objection : Et si vous avez un doute sur la papauté de Bergoglio ?
V. L’hypocrisie de la FSSPX
VI. Résumé et conclusion
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Citons le résumé et la conclusion de Mgr Sanborn :
A mon avis, l’opinionisme trouve ses racines dans l’indifférentisme vis-à-vis du Pontife Romain. Les opinionistes veulent vivre dans un monde de messe traditionnelle et de sacrements sans aucune référence au Pontife Romain.
Pour eux, dans l’ordre pratique, que Bergoglio soit pape ou non n’a pas d’importance. Ils assistent à la messe de n’importe quel prêtre du moment qu’il dit la messe traditionnelle, sans prêter attention à son rapport au Pontife Romain.
Une telle attitude est extrêmement dangereuse. Elle revient à retrancher le Pontife Romain du Catholicisme, et réduit notre adhésion à la Foi traditionnelle constituant un libre examen protestant. Il y a eu des moments dans l’histoire de l’Eglise où, pour être catholique, il fallait être sédévacantiste. Je fais référence à l’interrègne chaque fois qu’un pape meurt, ce qui a pu durer jusqu’à trois ans. Si un catholique venait à reconnaître un pape durant la vacance du Siège Romain, il aurait été schismatique. De même, un catholique serait schismatique s’il ne reconnaissait pas un pape véritablement régnant. Ainsi, dans cette situation, soit les sédépleinistes soit les sédévacantistes sont schismatiques. L’un exclut l’autre.
Mais ces deux systèmes opposés ne peuvent pas tous les deux être considérés comme des “opinions théologiques légitimes”.