Benoît XVI pour un dialogue "irrévocable" avec les juifs

Aucun pape n'aura visité autant de synagogues. Après Cologne en 2005, New York en 2008, Benoît XVI s'est recueilli, dimanche, à la synagogue de Rome. Il avait prié, le 12 mai dernier, au mur occidental de Jérusalem. Malgré le contexte orageux lié à l'affaire Williamson et à l'aval donné à la béatification de Pie XII il y a un mois, c'est en ami du judaïsme que Benoît XVI a voulu rencontrer - comme la première historique de Jean-Paul II en 1986 - la plus ancienne communauté juive d'Europe établie au bord du Tibre depuis vingt-deux siècles…
Benoît XVI a plutôt choisi de construire son discours en forme de plaidoyer visant à prouver que le rapprochement entre l'Église catholique et le judaïsme commencé avec le concile Vatican II est «irrévocable».
Ainsi a-t-il repris et reformulé publiquement, une à une, toutes les grandes étapes franchies depuis le concile. Dont l'acte officiel de l'Église catholique en 1998, qui, «déplorant les manques de ses fils et filles, demandait pardon pour tout ce qui a pu favoriser d'une certaine manière les plaies de l'antisémitisme et de l'antijudaïsme».
Dont la prière de Jean-Paul II au mur occidental de Jérusalem en mars 2000 que son successeur a relu entièrement hier «Nous sommes profondément blessés par le comportement de ceux qui, au cours de l'histoire, vous ont fait souffrir et nous demandons pardon (…).». Ou encore l'évocation de ce qu'il avait dit à Auschwitz, «drame singulier et bouleversant de la Shoah» qui voulait «éradiquer le peuple juif dans sa totalité».
Estimant au fond que juifs et catholiques « se connaissent peu les uns, les autres », il a salué ses hôtes avec «la volonté commune de continuer un dialogue ouvert et sincère », en leur manifestant son « estime et son affection » en vue de « renforcer » ces liens.
Peu avant de quitter le Vatican, Benoît XVI avait publiquement confié lors de la prière de l'Angélus, l'esprit de sa visite : «Accomplir une nouvelle étape sur le chemin de la concorde et de l'amitié entre catholiques et juifs.»