L’argument dit de “résistance” de saint Robert Bellarmin : un mythe traditionaliste
Par M. l’abbé Anthony Cekada
En un mot, ce passage ne peut ni être appliqué à la crise actuelle ni être invoqué contre le sédévacantisme.
Ici s’impose un bref commentaire sur chacun de ces quatre points :
1. Des ordres mauvais, et non des lois
2. Anti-gallicanisme
3. Une “résistance” qui ne concerne pas chaque individu
4. Bellarmin et le cas du pape hérétique
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Depuis les années 1970, d’innombrables auteurs traditionalistes, qui ont rejeté les enseignements de Vatican II et la nouvelle messe mais qui s’opposent au "sédévacantisme", ont justifié leur propre position en ressortant sans aucun fondement la citation suivante tirée de saint Robert Bellarmin :
“Tout comme il est licite de résister à un Pontife qui attaque le corps, il est tout aussi licite de résister au Pontife qui attaque les âmes ou détruit l’ordre civil ou, à plus forte raison, essaie de détruire l’Église. Je dis qu’il est licite de lui résister en ne faisant pas ce qu’il ordonne de faire et en empêchant l’exécution de sa volonté. Il n’est pas licite, cependant, de le juger, de le punir, ou de le déposer, parce que ce sont là des actes relevant d’un supérieur. ”
Ce passage, nous a-t-on dit et redit, soutient l’idée que le mouvement traditionaliste peut “refuser” les fausses doctrines, les lois nuisibles et la liturgie sacrilège que Paul VI et ses successeurs ont promulguées, tout en continuant à les “reconnaître” comme vrais Vicaires du Christ. (Cette idée étrange est aussi attribuée à d’autres théologiens comme Cajetan).
La même citation de Bellarmin – nous a-t-on dit aussi – démonte le principe qui sous-tend le sédévacantisme (d’après lequel un pape hérétique perd automatiquement sa charge) parce que les sédévacantistes “jugent” et “déposent” le pape.
En fait, ces conclusions montrent – une fois de plus – comment le peu de rigueur intellectuelle dont font preuve les traditionalistes dans leurs polémiques donne naissance à des mythes qui acquièrent rapidement l’aura des vérités quasi-révélées.
Quiconque consulte réellement les sources originales et connaît un peu les distinctions fondamentales du droit canon en vient à un ensemble de conclusions complètement différentes quant au sens de ce fameux passage sur la “résistance”, à savoir :
1) Bellarmin parle ici d’un pape moralement mauvais qui donne des ordres moralement mauvais – et non pas d’un pape qui, comme les papes de Vatican II, enseigne l’erreur doctrinale ou impose des lois nuisibles.
2) Le contexte du passage cité est différent : il s’agit là du débat sur les erreurs du gallicanisme, et non pas du cas d’un pape hérétique.
3) Bellarmin justifie ici la “résistance” de la part de rois et de prélats, non pas de chaque catholique en particulier.
4) Bellarmin enseigne dans le chapitre suivant de son ouvrage (30) qu’un pape hérétique perd automatiquement son autorité.
En un mot, ce passage ne peut ni être appliqué à la crise actuelle ni être invoqué contre le sédévacantisme.
Ici s’impose un bref commentaire sur chacun de ces quatre points :
1. Des ordres mauvais, et non des lois
2. Anti-gallicanisme
3. Une “résistance” qui ne concerne pas chaque individu
4. Bellarmin et le cas du pape hérétique
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