L'impasse de la FSSPX par M. l'abbé Carandino

Publié le par Clément LECUYER

Voici ci-dessous un extrait d'une lettre de M. l'abbé Carandino publiée en 2002 dans le N° 52 de Sodalitium : "L’abbé Carandino et le témoignage de la Foi"


> Petite présentation de ce prêtre : L’abbé Ugo Carandino est né à Turin le 20 octobre 1961; entré au séminaire d’Ecône en 1983, il y a été ordonné le 3 décembre 1988 par Mgr Bernard Tissier de Mallerais. Après un an de ministère en France, ses supérieurs lui ont confié la direction du Prieuré de Rimini. Durant les onze années passées en Romagne il a donné une impulsion notable à l’apostolat en Italie comme l’ouverture des centres de messe de Pescara, Bologne,Trente, Lanzago Trévise, Trieste, les séminaires d’études catholiques anti-maçonniques (dénomination que l’abbé Simoulin changea), organisation du pèlerinage Bevagna-Assise, fondation du cercle culturel Giuseppe Federici de Rimini, rédaction de la revue ‘La tradizione Cattolica’. En 2001, l'abbé Carandino a quitté la FSSPX et fait partie maintenant de l’Institut Mater Boni Consilii. Il célèbre bien évidemment la Messe non una cum.



... Voilà le cœur du problème: effectivement la Fraternité se trouve dans une impasse, puisqu’elle continue à vouloir reconnaître Jean-Paul II comme l’autorité légitime de l’Eglise. Or, si réellement Jean-Paul II est la véritable autorité, seules deux positions sont possibles :

- ou bien chercher un accord avec cette “autorité”, et donc s’accorder avec celui qui opère “l’autodestruction” de l’Eglise à travers la liberté religieuse, l’œcuménisme et les autres erreurs du Concile Vatican II (la terminologie même de chercher “un accord avec le Pape” révèle une absurdité: le catholique doit se soumettre au Vicaire du Christ, et non “s’accorder”);

- ou bien se séparer complètement de cette “autorité” en constituant une “petite église” effectivement schismatique, où l’on désobéit habituellement à celui que l’on reconnaît comme Pape, pour obéir uniquement aux supérieurs de la Fraternité, auxquels on attribue une sorte d’“infaillibilité pratique” que l’on nie au contraire au prétendu Pape.

(Remarque du site "catholique-sédévacantiste" : Depuis le retrait des "excommunications", la FSSPX a clairement montré son objectif et a opté pour la première position décrite par l'abbé Carandino. Cependant, aujourd'hui encore, la FSSPX agit toujours clairement comme une "petite église" et continue à enseigner et pratiquer les erreurs citées par l'abbé Carandino dans la partie qui suit.)

 C’est cette seconde solution qui s’est consolidée ces dernières années (et qui émerge en cette phase de rupture des tractations):  la Fraternité continue à enseigner, à propos de la Papauté, une nouvelle doctrine qui s’éloigne de la doctrine catholique et qui, inévitablement, prépare une mentalité de “petite église”: c’est-à-dire que le Pape (le Vicaire du Christ sur la terre, celui qui a reçu les clefs du Christ pour lier et délier) peut se tromper en matière de foi, peut enseigner des erreurs doctrinales; que le Pape détruit l’Eglise, qu’un Pape peut promulguer une Messe et des Sacrements mauvais (et dans le cas de la Confirmation, des sacrements même invalides).

 Donc, selon cet enseignement, le fidèle peut désobéir habituellement à ce “pape”, qui n’est plus la règle prochaine de la foi, mais un élément presque secondaire de l’Eglise; pourtant la saine doctrine enseigne qu’un catholique ne peut faire abstraction de l’ensei- gnement et du gouvernement du Pape.

 Dans cette nouvelle doctrine on retrouve la vieille erreur gallicane, déjà condamnée par l’Eglise, qui engendre, surtout dans les nouvelles générations, un concept gravement déformé de l’Eglise et de la Papauté. On arrive au paradoxe de refuser une hérésie, l’hérésie moderniste, au nom d’une autre hérésie, l’hérésie gallicane, au lieu d’embrasser intégralement la Foi catholique, jusqu’à ses extrêmes conséquences. Pour éviter cette situation gravissime, la Fraternité devrait étudier sérieusement le problème de la Papauté et constater que les “papes” du Concile n’ont pas reçu de Dieu l’autorité, et qu’en conséquence les fidèles sont soulagés de tout problème de conscience en refusant le Concile Vatican II et la nouvelle messe.

En continuant, au contraire, d’affirmer que ces “papes” ont l’autorité mais qu’il faut désobéir habituellement à leur enseignement, on perd le concept de la Papauté, on habitue les fidèles, et surtout les jeunes, à être indifférents sinon hostiles au Pape. On crée, en somme, une Eglise sans Papauté, même une Eglise contre le Pape: mais cette position n’est pas compatible avec la Foi catholique.

Je considère que les événements liés aux accords ont mis en évidence l’impasse dans laquelle se trouve la Fraternité. En effet, la minorité du clergé de la Fraternité qui s’était exprimée ouvertement de manière négative sur une possibilité de réconciliation avec Jean-Paul II, l’a fait en partant d’une position à tendance gallicane.

 Ce n’est pas par hasard que l’un des plus actifs partisans de la ligne “anti-accord”, a été Mgr Tissier de Mallerais, qui s’occupe en personne des tribunaux ecclésiastiques créés par la Fraternité en remplacement des sentences de la Sainte Rote romaine, un des aspects les plus évidents de la pratique de “petite église” désormais consolidée à l’intérieur de la Fraternité (ces tribunaux ont émis des sentences d’annulation de mariages, de réduction de diacres à l’état laïc, de dispense des vœux religieux définitifs).

 L’exemple des églises dissidentes orientales enseigne qu’il n’est pas suffisant de conserver la Messe, les Sacrements et le catéchisme, mais qu’il est indispensable d’être fidèles à l’institution de la Papauté et donc, dans la situation actuelle de l’Eglise, d’éclairer la question fondamentale de l’autorité pour exercer de manière légitime le ministère sacerdotal.

 C’est pourquoi, après une longue réflexion, je considère en conscience de ne pouvoir continuer à accomplir le ministère sacerdotal à l’intérieur de la Fraternité St-Pie X; après onze années passées à Rimini, au prieuré de Spadarolo, je n’ai pas l’intention d’abandonner l’apostolat qui s’est réalisé durant ces années, mais je souhaite rester à la disposition des fidèles pour les conduire au salut éternel dans la clarté doctrinale, puisque  “l’on ne peut faire du bien que par la bonne doctrine”...

Abbé Ugo Carandino, le 10 juillet 2001