Martyre ou châtiment ?
En ces temps troublés, il convient de revenir sur ce tragique événement qui nous a tous choqué: l'assassinat du Père Hamel par deux islamistes. Il va sans dire que cet acte barbare constitue, en plus d'un meurtre, un sacrilège puisqu'il est commis à l'encontre d'un prêtre (validement ordonné en 1958). Sans surprise, l'ensemble de la hiérarchie moderniste a logiquement déclaré ce prêtre martyr. La Fraternité, par la voix de l'abbé Boucharcourt (Supérieur du District de France) parle quant à elle du "premier martyr, pour le XXIe siècle en France" :
"Un homme a été tué, égorgé, non plus prétendument pour des raisons politiques, mais bel et bien en haine de la foi. C’était dans une église, cela s’est passé durant une messe, il s’agissait d’un prêtre, et le meurtre a été réalisé en même temps qu’une profession de foi islamique. Le martyre au sens canonique est donc parfaitement caractérisé."
Peut-on parler de martyre ? Pas du tout ! Une fois de plus, la FSSPX déraille à force de se "bergogliser". Voici en réponse le communiqué de l'Institut Mater Boni Consilii :
Martyre ou châtiment ?
Comme tout le monde le sait, deux militants mahométans ont égorgé, dans l’église paroissiale de Saint-Étienne-du-Rouvray, en Normandie, un prêtre, l’abbé Jacques Hamel. Inutile de dire qu’il s’agit d’un crime horrible et sacrilège, et que nous prions pour l’âme de ce confrère dans le sacerdoce (il avait été ordonné en 1958). Nombre de baptisés se sont demandés si l’on ne pouvait pas parler de martyre, au sens strict et “canonique” du terme : ainsi par exemple le supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pie X, Christian Bouchacourt, qui considère la pauvre victime un martyr de l’Islam, tué à l’église “durant une messe”.
Toutefois, les témoignages sur la vie et le ministère du vieux prêtre français, parlent d’autre chose. L’abbé Hamel, comme tous les fidèles adeptes de Vatican II, était activement engagé dans le “dialogue interreligieux” avec les négateurs de la Trinité et de la divinité du Christ. Et la “messe” que la victime célébrait était la messe réformée que le fondateur de la société religieuse de l’abbé Bouchacourt appelait, a juste titre, la “messe de Luther”. À moins de devenir adeptes du wojtylien “œcuménisme du martyre”, on ne peut reconnaître chez un moderniste, même s’il a été tué en tant que chrétien, un “martyr de la foi”, en particulier au sens strict et canonique du terme. Le martyr témoigne en effet par le sang, de la vérité et de la foi professée pendant sa vie et au moment de sa mort. Les Pères de l’Église ont toujours dénié aux baptisés hérétiques ou schismatiques, même s’ils souffraient et étaient tués en tant que chrétiens, le statut de martyrs. L’ignorance invincible (non coupable) peut rendre exempt de péché (formel) celui qui tombe dans l’erreur contre la foi, mais ne peut en faire un témoin de la vérité.
On peut se demander alors si ce qui s’est produit, et qui peut-être se produira encore (à Dieu ne plaise), n’est pas plutôt un châtiment, non tant à l’égard de la personne elle-même victime de l’odieux sacrilège (cf. Luc XIII, 1-5), qu’au regard du modernisme, pour sa bienveillance impie envers les ennemis de la divinité de Jésus-Christ et de la Foi en la Très Sainte Trinité. Le Seigneur avertit : “Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous”. Ces paroles font trembler, si l’on pense que l’invitation à la pénitence, l’avertissement du Seigneur, avec ses châtiments, à abandonner l’esprit apostat de la déclaration Nostra ætate – qui donne des fruits évidents pour tout le monde – n’a pas été écouté. Au contraire ! Dimanche 31 juillet, les musulmans ont été invités à prêcher dans les églises catholiques profanées de France et d’Italie ! Aucun catholique qui ne veut pas tomber dans la fosse ne peut prendre comme guide des aveugles qui guident d’autres aveugles. Aucun catholique qui veut se sauver, et ne pas périr pour l’éternité, ne peut suivre ceux qui considèrent sans importance – au moins de fait – de croire ou de ne pas croire à la divinité du Christ et à la Très Sainte Trinité. Que Dieu nous sauve, sauve la foi des catholiques du modernisme, et nous sauve des justes châtiments avec lesquels le Seigneur punit et punira l’offense faite à Son Nom.
Verrua Savoia, 1er août 2016, Saint Pierre aux Liens
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Que le Père Hamel ait adhéré de bonne foi - ce que seul Dieu sait - aux erreurs modernistes ne change rien. Voici l'extrait du Dictionnaire de Théologie Catholique qui traite de cette question :
"Celui qui n'a pas la foi, ne peut mourir pour la foi. Benoit XIV parle ensuite de l'hérétique invincibiliter, c'est-à-dire de celui qui est « de bonne foi » dans l'erreur ; s'il meurt pour un vrai point de foi, peut-il être considéré comme martyr ? Benoît XIV répond par une distinction importante : il le sera coram Deo [aux yeux de Dieu], mais non coram Ecclesia [non aux yeux de l'Eglise] . Il le sera coram Deo, pourvu qu'il soit habituellement disposé croire tout ce qui lui serait proposé par l'autorité légitime, car il n'est pas coupable d'après la parole de saint Jean : Si non venissem et locutus fuissem eis, peccatum non haberent, xv, 22 ; il ne le serait pas coram Ecclesia qui ne juge que de l'extérieur, et qui, constatant l'hérésie externe, en est réduite à conjecturer l'hérésie interne." DICTIONNAIRE DE THÉOLOGIE CATHOLIQUE - 1937 - Page 233
> Sur le même sujet, relire notre article La pernicieuse hérésie de l'"œcuménisme du sang" de François
> Pour aller plus loin, se reporter à ce dossier : Celui qui est tué dans l’hérésie ou dans le schisme peut-il être considéré un martyr?